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    Né·e en France, où j’ai commencé mes études supérieures en Arts-plastiques, j’ai ensuite migré vers Bruxelles en 2006 pour y poursuivre mes études de Bande dessinée. 

     L’écriture et la musique ont toujours fait partie de mon parcours, plus sur le côté. Quand j’ai découvert la pratique du slam sur les scènes ouvertes en France, en 2004, puis en Belgique, j’ai d’abord assisté à quelques scènes avant d’oser moi-même y monter ! J’ai alors commencé à rythmer mes textes de plus en plus, à les écrire dans une perspective d’oralité. Cela a renforcé les liens qu’il y a toujours eu entre ma pratique d’illustration et l’écriture poétique. J’écris en images poétiques et je dessine des utopies poétiques.

 

     À la fin de mes études en 2009, entre les commandes d’illustrations et les dossiers pour être édité·e, j’ai commencé à travailler comme animateurice artistique au sein de structures associatives bruxelloises. Ce qui était d’abord un besoin financier s’est petit à petit relié à ma pratique pour lui donner plus de sens et de contenu. Avant ça, j’avais eu beaucoup de mal à trouver mon chemin dans une pratique de l’art de pour l’art, de l’art comme une fin en soi. Ce travail de transmission m’a permis de prendre conscience que, dans ma pratique, la créativité et l'expression artistiques sont des moteurs qui permettent de créer du lien entre soi et ce qu’il y a autour, de s'émanciper, de se rencontrer, de se reconnaître, de s'aimer aussi. J’ai longtemps été tiraillé·e entre les différentes pratiques, l’écriture, le dessin, la déclamation et la musique. J'avais l'impression que je devais choisir. Il me semble qu’il y a peu de place, quoique de plus en plus, pour les pratiques pluridisciplinaires et on m’a souvent renvoyé que je ne pouvais pas tout faire bien. Que faire tout en même temps impliquait de négliger quelque chose. Mais en découvrant des artistes comme Lisette Lombe, je me suis senti·e légitime d’avoir plusieurs pratiques. Ce qui les lie entre elles, c’est ce que j’ai à dire. 

 

     Mon éveil féministe s’est clairement animé quand je suis devenu.e mère monoparentale. S’en est suivi tout un processus de conscientisation des systèmes qui hiérarchisent notre société et un ébranlement de toutes les normes qu’ils impliquent. Ça a mené à la levée de mon amnésie traumatique sur mon vécu d’inceste, il y a bientôt 4 ans. J’ai alors coupé les liens avec toute ma famille et me suis retrouvé·e totalement seul·e pour assumer mon enfant, en plus de devoir affronter les conséquences de ces maltraitances sur ma santé mentale. A ce moment-là, j’ai eu la sensation d’éclater et c’est clairement ma pratique artistique qui m’a permis de me ressouder. En sortant du système d’emprise familial, j’ai enfin eu l’espace de me penser autrement et de prendre conscience que je n’étais ni hétéro, ni cisgenre. Que je n’étais pas une femme, que je n’avais jamais été une petite fille. 

        Mon travail en tant qu'artiste est le vecteur qui me permet d'interagir avec toute cette matière là, et de transmettre aussi sur elle, sur ce dont elle est faite. De créer des espoirs aussi. De créer du lien entre mon vécu individuel de personne trans, non-binaire, genderfuck, sexisée, survivante d’inceste et de violences sexuelles, cheffe de famille monoparentale et les implications politiques, les responsabilités collectives qui le composent. C'est par lui que je m'émancipe de ce que la norme impose dans la violence. C'est par lui aussi que je participe à la lutte contre les systèmes oppressifs qui génèrent ces violences, et notamment ceux dont je bénéficie en tant que personne blanche, ayant des diplômes supérieurs.

©AXELLE PST et LAETITIA BICA

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